L'apprentissage de l'écriture cursive débute bien avant le CP.
Après tout un travail préparatoire, les élèves qui sont prêts commencent généralement à écrire leur premiers mots "en attaché" en milieu d'année de grande section.
Je rencontre fréquemment des enseignants qui proposent le prénom comme entrée dans l'écriture cursive.
Pourtant, cette approche n'est pas la plus conseillée pour plusieurs raisons :
- Pour écrire en cursive, il faut avoir appris les formes de bases et leur dérivées ( boucle, étrécie, pont....)
- c'est après avoir appris ces formes que les élèves vont être capables d'écrire les lettres qui en découlent. (exemple la petite boucle forme le "e", la grande boucle forme le "l"....)
- les liens entre les lettres, les attaches sont une des grandes difficultés de l'écriture cursive or si cela n'est pas enseigné, on se retrouve parfois avec des lettres complément détachées les unes des autres ou des levées de crayons aux mauvais endroits.
- certaines lettres sont compliquées à écrire (notamment k, h, z, s,x) car elles nécessitent des changements de direction, elles ne doivent pas être apprise en début d'apprentissage.
- il y a a des enchainements très difficiles qui nécessitent une grande maturité de la part de l'enfant pour être réussis. Ces "enchainements difficiles" sont enseignés lorsque le geste est bien maitrisé, or on les retrouve parfois dans les prénoms ( le "br" de Ambre , le "os" de Rose...)
Sans une bonne approche préalable, les enfants vont se contenter de reproduire le dessin approximatif que forme leur prénom. .
- Des lettres qui ne démarrent pas au bon endroit.
- Des tracés effectuées en plusieurs temps ou dans le mauvais sens.
- Aucun ou mauvais liens entre les lettres.
- Manque de fluidité.
Cette image du "dessin" est encore plus ancrée lorsque les enfants s'entrainent sur des fiches avec le prénom à repasser (qui plus est quand le modèle est erroné).
Voici quelques exemples d'enfants ayant écrit leur prénom sans préparation initiale.
Alors comment faire pour enseigner l'écriture en GS ?
- L'écriture doit suivre une progression bien spécifique.
(Je ne parlerais pas ici de tout le travail préparatoire qui doit être fait avant même de saisir un crayon. Il sera le sujet d'un autre article.)
- Par quoi commencer ?
Revoir dans un premier temps, les formes de base puis, en parallèle, chaque lettre qui en découle.
- La boucle, petite puis grande + les lettres "e" "l"
-L' étrécie + les lettres "i,u,t"
- le rond + les lettres "c, a, d, o"
- le pont + les lettres "m,n"
- Comment procéder ?
1) la boucle : forme de base.
Commencer en salle de motricité pour un encodage kinesthésique à travers un geste ample, avec des rubans par exemple. Bien veiller au sens de rotation (anti-horaire). Ensuite placer les enfants face un mur et demander ce même mouvement en synchronisant le geste avec le déplacement en pas chassés.
Par la suite, l'idéal serait d'avoir un grand tableau et demander aux enfants de reproduire le même mouvement qu'avec les foulards mais en laissant une trace au tableau.
On discutera du résultat final pour arriver à la conclusion que ce sont des boucles.
2) Une fois l'encodage de la petite boucle réussi, les élèves pourront s'entrainer à jouer sur la taille : petites et grandes boucles. Veillez à toujours coordonner la parole et le geste. L'idéal est de proposer des séries de 3 boucles. "tourne, tourne, tourne".
Sur petit support, la grande boucle s'obtient en allongeant les doigts (exercice de la fléchette).
3) A ce stade, les enfants peuvent commencer à écrire leur premier mot : "le".
Proposer par exemple une fiche avec des images. Ecrire "le" devant les mots masculins (et coller par exemple l'étiquette "la" devant les autres) puis l'écrire dans le cahier une fois qu'il est connu (et reconnu).
4) Procéder de la même manière pour les autres formes et les autres lettres.
- L'avancée dans l'écriture se fait au rythme des enfants. Certains iront plus vite que d'autres et ont pourra leur proposer d'aller plus loin.
Je rappelle qu'à ce stade, les enfants sont dans l'apprentissage des bases de l'écriture. Mieux vaut prendre son temps et s'assurer
qu'elles soient solides plutôt que d'aller trop vite.
N'oubliez pas non plus qu'en CP, l'enseignement de l'écriture est au centre des apprentissages, les élèves vont reprendre mais surtout continuer ce qui a été fait en GS.
- Quels supports ?
Toujours partir du grand pour aller vers le plus petit. D'abord au tableau, avec un grand geste qui part de l'épaule.
Puis passer sur support horizontal : écrire dans le sable ou la semoule, sur grande ardoise, au sol avec des craies...toujours avec un geste de l'épaule.
Les lettres rugueuses (si elles sont bien conformes au ductus attendu) sont également un bon outil pour encoder la forme et le sens de chaque lettre.
Une fois que le geste est maitrisé, l'élève va pouvoir laisser une trace sur le cahier. En GS, le cahier le lignage ne doit pas être trop grand au risque d'obtenir un mouvement du poignet plutôt que des doigts, ni trop petit : Seyès 3mm ou cahier Gurvan 3 mm .
- Quels outils?
Rien de mieux que le crayon de papier pour commencer l'apprentissage de l'écriture. Préférez-le triangulaire et pas trop gros. Il est essentiel avant de commencer d'avoir travaillé la bonne tenue de crayon.
Les feutres triangulaires sont également préconisés si vous voulez écrire sur grand support.
- Le lien avec la lecture.
Le lien entre lecture et écriture doit être présent, les enfants doivent écrire en prononçant chaque son. Il est donc important d'oraliser en même temps que le geste lors des premiers apprentissage.
En GS, il convient de rester sur des sons simples et des petits mots.
- Pour conclure
Toutes situations d'entrée dans l'écrit doit être une situation d'apprentissage et non d'entrainement. L'écriture ne doit pas être considérée comme activité en autonomie. Elle doit être guidée par l'enseignant qui doit (énormément) verbaliser.
De plus, certaines conventions, comme le sens de rotation, doivent devenir des automatismes et doivent systématiquement être corrigés.
Pour terminer sur l'écriture du prénom, il semble maintenant évident que Lilia, Allan, Liam, Mona, Tom ou Léo... seront capable d'écrire leur prénom bien avant Gladys, Anouk, Abdelkader ou Mathieu-Gabriel.
Voici, pour vous aider, quelques collègues blogueuses avec une super progression en écriture pour les GS.
Voici également le support très intéressant pour les GS mis au point par la collègue graphopédagogue Laurence Pierson .
Ainsi que son dernier ouvrage "Bien écrire, aimer écrire", une mine d'or pour tous les enseignants qui s'intéressent à l'apprentissage de l'écriture.
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Val Lec (mercredi, 14 juin 2023 19:14)
Très clair... cela correspond à ce que je mets en place avec les Grands, merci !